Quand le mauve illumine Montréal : Annabel Haeck, T.M.
15 décembre 2025
Aujourd’hui, nous mettons en lumière Annabel Heack, technologiste médicale passionnée. Elle est l’une des forces et instigatrices derrière l’initiative Mardi mauve, un mouvement qui vise à faire rayonner le travail essentiel des technologistes médicaux.
Avec ses collègues, elle contribue activement à mieux faire connaître la profession — une mission qui a pris une ampleur encore plus symbolique cette année, alors que le Stade olympique de Montréal s’est illuminé en mauve pour souligner la Semaine nationale du laboratoire médical.
Dans cette entrevue, Annabel nous raconte les coulisses de ces initiatives, ce qui l’inspire, et pourquoi la reconnaissance des T.M. est plus importante que jamais.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’impliquer dans la promotion de la profession, notamment avec l’initiative Mardi mauve ?
J’ai toujours eu à cœur de valoriser le travail des technologistes médicaux, parce que je trouve c’est une belle carrière, qui a un impact majeur sur les patients, mais dont le rôle est souvent méconnu. J’ai obtenu un poste d’institutrice clinique dans le secteur de la biochimie à l’hôpital Pierre Le Gardeur, et depuis, j’ai eu des opportunités et surtout le soutien de ma gestionnaire afin de m’impliquer dans des activités de promotion de la profession. J’ai proposé le Mardi mauve en 2024 à l’hôpital Pierre Le Gardeur, dans le cadre de la Semaine nationale du laboratoire médical, tout simplement pour offrir une activité rassembleuse et créer un sentiment d’appartenance et d’unité. Honnêtement, je ne pensais même pas que les gens allaient participer. J’ai été très surprise et même émue de voir un certain matin, la grande majorité du personnel de laboratoire portant des bottes mauves, des chandails mauves, des accessoires pour les cheveux mauves ! L’année dernière, j’ai proposé à l’Ordre de reprendre ce mouvement afin de le répandre à la grandeur du Québec !
Y a-t-il un moment clé où tu t’es dit : « Nous devons faire quelque chose pour mieux faire connaître notre travail » ?
Je crois que mon sentiment a commencé à se développer durant la pandémie. Quand on a parlé de nous aux nouvelles, j’ai ressenti une grande fierté pour notre profession et j’ai eu espoir que cela allait changer notre visibilité. Mais peu de temps après la pandémie, nous sommes retombés dans l’oubli… Cela a été l’élément déclencheur de mon désir de faire connaître notre profession à la société. Toutefois, en travaillant à l’hôpital, j’ai pu remarquer que même dans le milieu de la santé, peu de gens savent réellement ce que nous faisons. Notamment, lors de la Semaine nationale du laboratoire médical en avril 2024 nous avons dressé un kiosque pour présenter le travail de laboratoire. Nous avons tous été surpris de voir à quel point même les autres professionnel(le)s de la santé, dont les infirmier(ère)s, ne savent pas ce que nous faisons ! Les patients, les professionnel(le)s de la santé et les autres employés de l’hôpital étaient tous impressionnés par notre travail. Mes collègues expliquaient leur quotidien de manière passionnée ! Cela a été l’élément déclencheur pour faire valoir notre profession au sein du système de santé.
Ensuite, quand j’ai commencé à aller à la rencontre d’étudiants, j’ai réalisé à quel point notre voix peut inspirer. J’ai participé à des journées carrières et j’ai donné des conférences dans des écoles secondaires afin de présenter la profession de technologiste médical aux jeunes en choix de carrière. Cela m’a fait prendre conscience que de partager ce que nous faisons, fait partie intégrante de notre rôle pour aider au recrutement et à la relève.
En tant que technologiste médicale, qu’est-ce que cette démarche représente pour toi personnellement ?
Pour moi, c’est une façon de donner une voix à notre profession. Nous sommes des acteurs clés du système de santé, et promouvoir ce que nous faisons, c’est aussi reconnaître notre expertise, notre rigueur et notre engagement. C’est une démarche qui me permet de contribuer à l’évolution de notre image et à l’attraction de futurs technologistes médicaux.
Tu es à l’origine de la démarche ayant mené à l’illumination du Stade olympique. Qu’est-ce qui t’a inspirée à proposer cette idée ?
En fait, c’est une collègue qui m’a parlé du mouvement proposé chaque année par la Société canadienne de science de laboratoire médical (SCSLM). Elle m’a dit qu’aucun monument, édifice, structure n’avait jamais été illuminé au Québec, mais que les Chutes du Niagara étaient illuminées en mauve de façon annuelle ! Je me suis dit : cette année, le Québec va participer ! Nous avons toutes deux envoyé des courriels aux différents responsables de différentes infrastructures de la ville de Montréal et de Québec (Pont Champlain, Pont Jacques-Cartier, Hôtel de Ville de Montréal, Château Frontenac, etc.). Les représentants du Stade olympique de Montréal ont répondu rapidement et par l’affirmative ! Pour être honnête, ça a été super facile, il suffisait de demander… Je considérais que c’était une bonne idée de s’impliquer dans ce mouvement. Le Stade olympique représente un symbole fort et visible. Il a permis d’attirer l’attention sur notre profession d’une façon positive, colorée et rassembleuse.
Quand tu repenses au tout début de cette initiative, qu’est-ce qui t’a convaincue que ça valait la peine d’essayer ?
« Qui ne tente rien n’a rien ! » Je crois que c’est important dans la vie de tenter sa chance, d’essayer, de créer des opportunités. J’étais persuadée que si ça fonctionnait, ce serait un beau symbole de reconnaissance. Et je crois avoir eu raison en voyant l’enthousiasme de mes collègues le soir où le Stade s’est illuminé !
En tant que technologiste médicale, qu’est-ce que cette reconnaissance symbolique représente pour toi ?
C’est un moment où la profession peut se sentir vue et valorisée. L’illumination, c’est un rappel de notre rayonnement dans le système de la santé. C’est un symbole de fierté.
Pourquoi est-il important de mieux faire connaître le rôle des technologistes médicaux auprès du public ?
Nous connaître, c’est aussi mieux comprendre le parcours du patient, de ses échantillons et des analyses. C’est reconnaître notre rôle essentiel dans le diagnostic, le suivi des traitements et la prise de décision clinique. C’est aussi favoriser le recrutement en montrant toute la richesse de notre profession.
Quel message souhaites-tu transmettre pendant le Mois de la reconnaissance des T.M. — et au-delà ?
Notre profession est bien plus qu’un travail technique : c’est un engagement envers la santé des patients, même si ça ne se voit au grand jour. J’aimerais également rappeler que le dévouement de chaque technologiste médical a un impact direct sur la population. Nous devons être fier(ère)s de ce que nous accomplissons au quotidien c’est important de se le dire. Nos connaissances, nos compétences et nos t responsabilités constituent une expertise indispensable qui a une réelle incidence sur la société.
Qu’est-ce qui t’inspire le plus dans l’engagement de ta communauté professionnelle ?
Sa résilience. Même quand la charge de travail est élevée ou que les ressources manquent, les technologistes médicaux restent engagés, rigoureux et soucieux des analyses qu’ils effectuent pour les patients.
Il m’arrive régulièrement d’être témoin du travail colossal qui se fait par ma communauté professionnelle même devant les efforts considérables qui leur sont demandés. Lorsque les technologistes médicaux sont débordés, ils sont toujours prêts à se retrousser les manches et à donner constamment le maximum d’eux-mêmes par soucis de professionnalisme et pour offrir des résultats d’analyses dans les meilleurs délais.
Que dirais-tu aux jeunes ou aux personnes en réorientation de carrière qui hésitent à se lancer dans le domaine des analyses biomédicales ?
Si tu aimes les sciences et la précision et que tu aspires à contribuer concrètement à la santé des patients, la profession de technologiste médical est pour toi. C’est un domaine stimulant et en continuel développement. En laboratoire biomédical, nous nous servons constamment de nos connaissances et de notre jugement professionnel pour réaliser des analyses variées qui guident les décisions des médecins.